Le marché de l’automobile en pleine croissance à La Réunion

L’Institut d’émission des départements d’outre-mer (IEDOM) publie une note sur le marché de l’automobile à La Réunion. Cette étude analyse les différents aspects de ce marché, dont le lien entre évolution des ventes  et la la conjoncture économique ou encore rentabilité des concessionnaires automobiles.

 

La hausse du pouvoir d’achat des ménages se traduit par l’augmentation des ventes de véhicules neufs

L’évolution du marché de l’automobile constitue une bonne jauge de la situation conjoncturelle locale et du moral des ménages. Étroitement liée aux hausses du pouvoir d’achat et de la production de crédit, sa progression contribue directement à la croissance économique dans un secteur qui représente aujourd’hui 7000 emplois, soit environ 4 % de l’emploi marchand (salarié ou non).

Les volumes de ventes de véhicules neufs redémarrent depuis 2015 et atteignent un niveau record en 2017 : plus de 25 300 voitures particulières neuves vendues.

Ce dynamisme du marché automobile réunionnais s’inscrit en lien avec l’évolution démographique, le rattrapage tendanciel des niveaux de vie et des taux d’équipement automobile.

En effet, le taux de motorisation des Réunionnais a gagné plus de 20 points en 24 ans. Cependant, ce taux d’équipement reste encore en retrait par rapport aux autres régions françaises, ce qui s’explique par des prix plus élevés et un plus faible niveau de vie d’une partie de la population réunionnaise, dont l’accès au crédit est plus restreint.

 

La situation financière très favorable des concessionnaires automobiles

En raison de la chute des ventes de véhicules durant la crise, les concessionnaires ont enregistré une baisse d’un quart de leur chiffre d’affaires (CA) entre 2007 et 2009. La période morose qui suivit entraina de profondes difficultés économiques chez certains
acteurs historiques du secteur et une recomposition du paysage (diverses restructurations, changement de main de la carte Citroën en 2011).

Le CA des concessionnaires se redresse nettement en 2015 et en 2016, avec des progressions, respectivement, de 10,1 % et de 4,2 % sur un an. En 2016, il dépasse le milliard d’euros et retrouve ainsi les volumes d’activités observés entre 2006 et 2008, années fastes pour le secteur.

Malgré ces évolutions contrastées du CA, le taux de marge commerciale (part de la marge commerciale dans le CA des ventes) appliqué par les concessionnaires reste stable à 16,5 % en moyenne entre 2011 et 2016. Il se situe à mi-chemin entre celui constaté aux Antilles (20 % en moyenne) et celui observé au niveau national (10,2 % sur la même période). Le marché automobile réunionnais se caractérise par des réseaux de distribution multi-marques et par une concurrence moins exacerbée.

En effet, les deux principaux groupes concentrent près des trois quarts du CA du secteur en 2016. Par ailleurs, l’éloignement de l’ile réduit la concurrence venant d’autres régions ou même de l’étranger, avec les transitaires, ou encore de succursales de constructeurs (à l’inverse de la métropole).

En termes de performance économique, le taux de marge (rapport entre l’excédent brut d’exploitation et la valeur ajoutée (VA) passe de 16,0 % en moyenne sur la période 2011–2014 à 29,8 % en 2015–2016.

Cette amélioration sensible provient des effets conjugués de la croissance des ventes et de conditions d’exploitation plus favorables.

En 2016, les effectifs progressent moins rapidement que l’activité et la VA. Ceci se traduit par une diminution du poids des charges de personnel. Pour autant, les rémunérations restent favorables, avec un cout salarial moyen supérieur de 12 % à La Réunion par rapport au niveau national, afin d’attirer des commerciaux et techniciens qualifiés.

La situation financière des concessionnaires est donc globalement saine et leur niveau d’endettement est bien maitrisé. Par ailleurs, le secteur dispose d’une capacité globale lui permettant de faire face à d’éventuelles difficultés financières.

 

Un marché promis à d’importants bouleversements

À La Réunion, les années 2015-2017 se caractérisent par une croissance particulièrement soutenue du marché de l’automobile, révélateur d’une situation conjoncturelle favorable. Si les voyants restent au vert à court terme, le maintien de cette tendance n’est pas assuré, d’autant plus que les taux d’intérêt ne resteront très probablement pas au niveau actuel et que la capacité d’endettement des ménages demeure limitée.

À plus long terme, le marché automobile réunionnais présente toujours un potentiel de développement, en lien avec l’évolution démographique, le rattrapage tendanciel des niveaux de vie et des taux d’équipement automobile.

Toutefois, la congestion actuelle et future du réseau routier et les problématiques climatiques engendreront probablement une transformation du marché automobile réunionnais.

D’ailleurs, les pouvoirs publics cherchent à agir sur les comportements de la population, à travers la promotion des transports en commun et l’annonce récente du « Plan climat » prévoyant la fin des ventes de voitures diesel et essence d’ici 2040 (présenté par le ministre de la Transition écologique et solidaire en juillet 2017).

Enfin, l’évolution des usages et celle des technologies visent à rendre les voitures de demain toujours plus intelligentes et autonomes. Le développement des véhicules 100 % autonome, c’est-à-dire à la conduite automatisée, constitue une des innovations qui devrait révolutionner le secteur.

 

Lire le détail de l’étude de l’IEDOM

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